Série Blockchain : L’entrée de cette nouvelle technologie sur la place financière suisse (partie 2)

Dans le premier volet de notre série d’articles, nous avons présenté un historique du développement de la technologie Blockchain. Cliquez ici pour lire le premier volet de la série. Examinons maintenant la place financière suisse : depuis la crise bancaire et la naissance du bitcoin, comment les Fintech ont-elles poursuivi leur développement dans le domaine de la Blockchain ?

Développement des Crypto-Fintech suisses

Une rétrospective sur diverses Fintech suisses du domaine de la crypto montre que, à l'instar du développement de la technologie Blockchain, la Suisse a été le témoin privilégié de la création et de l’établissement de ces sociétés sur sa place financière. (La liste ci-dessous n’est pas exhaustive).

2013

• Ethereum — a été mentionné dans notre premier article de blog. Cliquez ici pour le lire.
• Bitcoin Suisse propose des services de courtage privilégié, de dépôts, de prêts garantis, de staking, de tokenisation, de paiements et bien plus encore.

2014

• Bittrex Global est une plateforme de trading d'actifs numériques conçue pour les clients internationaux.
• Metaco propose une infrastructure sécurisée aux institutions financières. Ce qui permet aux institutions financières d'entrer dans l'écosystème des actifs numériques.
• La Fondation Tezos, une fondation suisse supervisée par l'Autorité suisse de surveillance des fondations, vise à promouvoir et à développer de nouvelles technologies et applications dans les domaines des architectures logicielles ouvertes et décentralisées.

2015

Cardano développe une plateforme de contrats intelligents similaire à Ethereum, mais avec une évolutivité améliorée pour l’utilisation de masse.

2017

Crypto Finance opère dans trois principaux domaines d’activités : la gestion d'actifs réglementés, le courtage d'actifs cryptographiques, les services d'infrastructure pour le stockage sécurisé des actifs cryptographiques et les projets de tokenisation.

2018

• La FINMA publie le permis Fintech, entré en vigueur en 2019. Grâce à ce permis, les entreprises innovantes du secteur financier peuvent obtenir certaines autorisations plus facilement conformément à la loi sur les banques. La même année, la FINMA est devenue la première autorité réglementaire mondiale à publier le guide ICO (Initial Coin Offering ou Offre initiale de jetons), réglementant l'émission de jetons basés sur la Blockchain. Comme les ICO ont des points de contact avec le droit suisse des marchés financiers, la FINMA rend possible, par cette publication, l'utilisation de technologies innovantes. Suite à cela, les deux premières banques cryptographiques suisses Sygnum et SEBA ont vu le jour.
• Custogit, destiné aux institutions financières (joint-venture entre Swisscom et Sygnum, et investissement de SIX depuis 2020), propose un accès et un stockage sécurisés des actifs numériques. La plateforme couvre l'ensemble du cycle de vie des actifs numériques.
• Daura est une plateforme d'actions numériques axée sur le financement et les investissements dans les PME suisses. La technologie Blockchain numérise le registre actuel des actions et permet de procéder à l’augmentation des capitaux sur simple pression d’un bouton.
• Blockstate est une plateforme suisse de jetons-valeur (Security-Token) pour les actifs non bancables. La société numérise ces actifs pour mettre en relation les émetteurs (de l'actif) et les investisseurs.
• Flovtec met à disposition des liquidités pour les jetons et les échanges en bourse. En raison d’un manque de liquidité, de nombreux actifs numériques ne sont pas échangeables. C'est pourquoi la liquidité est un élément essentiel, car sur un marché disposant de suffisamment de liquidité, les transactions d'actifs numériques peuvent avoir lieu en tout temps.

2021

• La loi DLT entre en vigueur. En résumé, les échanges, les dépôts et les règlements des actifs numériques sont réglementés à partir d'une seule source. Cela vaut non seulement pour les banques ou les courtiers, mais aussi pour les clients du commerce de détail.

La Suisse a adapté de nombreuses lois existantes (loi anti-blanchiment d'argent, loi sur les services financiers, etc.) pour permettre l'utilisation réglementée de la technologie Blockchain.

Si vous comparez le développement des Crypto-Fintechs avec l’historique des principales étapes de développement de la Blockchain, en 2018 (l'année du NFT et du mouvement DeFi en Suisse), la première banque cryptographique voyait le jour ainsi que de nombreuses entreprises spécialisées dans la tokenisation (numérisation) des actifs. C'est également l'année où la FINMA a posé les premiers jalons réglementaires pour que les innovations soient certes réglementées, mais non restreintes. En créant la loi DLT, la Suisse a mis en place un cadre très important pour ce secteur qui inspire encore la méfiance dans de nombreuses parties du monde. Ce cadre juridique est justement l’élément sécurisant qui manquait pour instaurer un climat de confiance entre entreprises et clients. Grâce à l'approche pragmatique du régulateur, des conditions favorables ont été créées pour les entreprises actives dans le domaine de la Blockchain, permettant à cet écosystème de croître et de prospérer.

De plus en plus d’entreprises du domaine de la Blockchain viennent s’installer en Suisse. Depuis janvier 2022, la « Crypto-Valley »suisse compte plus de 1’100 entreprises actives dans le domaine de la Blockchain employant plus de 6’000 personnes (en comparaison, le secteur financier traditionnel emploie 220’000 personnes). Zoug est le premier pôle d’attraction des Fintechs, suivie par Zurich.

Une comparaison internationale montre qu'il existe environ 2’400 startups Blockchain aux États-Unis (Source : Crunchbase). Il en existe un nombre similaire dans l'UE : environ 2’300 (Source : Crunchbase). Parmi celles-ci, environ 300 entreprises sont situées en Allemagne. On en trouve deux fois plus sur territoire britannique (Source : Crunchbase). L'Asie du Sud-Est compte plus de 600 sociétés actives dans les cryptomonnaies . Il s'agit notamment de l'une des plus grandes plateformes de trading de cryptomonnaies, Binance, dont la monnaie propre, le BNB, occupe la 5ᵉ place en termes de capitalisation boursière (Statut Coingecko, mai 2022). À l'échelle mondiale, la plupart des entreprises de la Blockchain sont situées en Europe (y compris en Suisse) et aux États-Unis, car les levées de fonds sont mieux réglementées dans ces pays.

En comparant le nombre d'entreprises de la Blockchain aux États-Unis, dans l'UE et en Suisse par rapport au nombre d'habitants de ces régions (voir tableau), il est remarquable que la petite Suisse compte 25 fois plus d’entreprises que l’UE et 17 fois plus que les USA.

Comme en témoignent ces derniers chiffres, grâce à la réglementation de la FINMA qui favorise l'innovation, la Suisse garantit des avantages économiques sur le long terme et attire ainsi encore d’autres entreprises novatrices du domaine de la Blockchain. Si nous regardons à nouveau les sociétés suisses de la Blockchain, il est intéressant de constater que les gains d’une entreprise sur six proviennent du secteur financier. Au cours du développement de la technologie Blockchain et des Crypto-Fintechs, diverses formes de collaborations entre le monde des cryptomonnaies et les banques suisses, ont également fait leur apparition.

À suivre

Afin de déterminer l’évolution des tendances pour les années à venir, dans le dernier volet de cette série dédiée à la Blockchain, nous présenterons quelques exemples de cryptomonnaies issues du secteur bancaire suisse.